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Au procès des assistants parlementaires du FN, la vieille dame et le jeune graphiste : « La provenance du salaire ne m’intéresse pas »

Marie-Christine Boutonnet, 75 ans, est d’assez méchante humeur. Elle se demande ostensiblement ce qu’elle fait là, d’ailleurs elle n’est pas là ; elle a obtenu de comparaître en visioconférence depuis le tribunal d’Albi, lundi 28 octobre, en raison de son « état de santé ». A la présidente qui lui demande courtoisement le montant de sa retraite, pour fixer celui d’une éventuelle amende en cas de condamnation, elle jette : « Ça ne vous regarde pas. »
Son avocat assure pour la calmer qu’il fournira les pièces au tribunal correctionnel de Paris. « Le tribunal ? Quel tribunal ? », s’indigne la vieille dame. Elle a remboursé les 36 330 euros que lui réclamait le Parlement européen pour l’emploi fictif de son assistant, estime qu’elle est quitte et qu’il est temps qu’on lui fiche la paix. Quand la présidente lui demande si elle veut ajouter quelque chose à ce qu’a dit pendant une bonne heure son assistant, elle répond : « Et qu’est-ce qu’il a dit ? » Puis s’en va sans un mot.
Ledit assistant, Charles Hourcade, essaie, lui, de disparaître et chuchote des propos embarrassés un peu loin du micro. Il est vrai que ce dossier des assistants des eurodéputés du Front national (FN), lundi, n’est pas bien bon. Mais, pour la première fois, les deux prévenus entendus avaient reconnu, pendant l’instruction, qu’il s’agissait d’un emploi fictif – ils se sont bien repris à l’audience.
Marie-Christine Boutonnet a employé Charles Hourcade, à Strasbourg, du 5 septembre 2014 au 28 février 2015. Il était graphiste au FN depuis 2013, l’a été à nouveau après son contrat d’assistant à plein temps, et son détachement européen n’a pas changé grand-chose à son quotidien. La badgeuse du FN a relevé qu’il avait passé 6 h 53 par jour au siège de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, et qu’il n’a passé aucun coup de fil pendant son contrat avec son employeuse. Devant les juges d’instruction, Marie-Christine Boutonnet a assuré qu’elle avait embauché Charles Hourcade pour faire un journal mensuel, mais « on n’a pas eu le temps de s’occuper de ça ». « Je l’ai donc mis, avec son accord et sur ma proposition, à disposition du FN. Il n’a donc pas du tout travaillé pour moi mais seulement pour le FN. »
Charles Hourcade a admis pendant l’instruction qu’il avait certes croisé Mme Boutonnet dans les couloirs, mais qu’il avait été « mis devant le fait accompli » par le trésorier du parti, Wallerand de Saint Just, qui l’avait seulement informé du nouveau contrat. Charles Hourcade, qui était au chômage avant le FN, n’en fait pas un fromage. « A partir du moment où j’ai un travail, les formalités administratives…, a balayé le graphiste à l’audience. Je ne suis pas censé être au courant de ces choses-là. La provenance du salaire ne m’intéresse pas. » Il touchait 4 064 euros net par mois. Quant à Marie-Christine Boutonnet, elle ne se souvient opportunément pas. « Je n’ai pas d’explications, c’est trop ancien, vous mettez ce que vous voulez », tranche la vieille dame.
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